Habitats

La réserve abrite une cinquantaine d’habitats dont 25 patrimoniaux.

Parmi ces derniers, la plupart sont liés aux reliefs (Roche Bénitier, Mont 501, Monts Sud, Mont Tabulaire, etc.).

Ils concernent également ceux liés à la présence de l’eau : forêts marécageuses, inondables, ripicoles et mares.

Carte des habitats de la réserve basée sur la typologie provisoire du programme Habitats. Source : O. Brunaux, ONF

Carte des habitats de la réserve basée sur la typologie provisoire du programme Habitats. Source : © Olivier Brunaux, ONF

Forêts denses sempervirentes humides de basse altitude

Ces forêts, hautes de 20 à 40 mètres, stratifiées, sur une altitude inférieure à 500 mètres, sont dominées par les grands arbres appartenant principalement aux Légumineuses, Sapotacées, Lauracées, Chrysobalanacées et Lecythidacées et couvrent 90% de la réserve.

Forêt dense sempervirente humide_Luc Ackermann

Forêt dense sempervirente humide © Luc Ackermann

Le sous-bois est peuplé par les recrûs de la canopée et par des familles de petit port (Myrtacées, Rubiacées, Violacée, Arecacées), voire des familles surtout arbustives (Mélastomatacées).

La strate herbacée est clairsemée, peuplée de Marantacées et Zingibérales, tandis que lianes et épiphytes abondent mais n’encombrent pas le sous-bois.

Ces forêts comprennent une quinzaine d’habitats élémentaires dont 3 patrimoniaux : forêts d’inselbergs (deux types) et forêts à faciès à Myrtaceae que l’on retrouve notamment sur les versants du Mont Tabulaire.

 

Forêts denses sempervirentes humides de moyenne altitude et forêts submontagnardes

Situées à une altitude supérieure à 500 mètres, ces forêts couvrent des massifs aux pentes douces, dont les sommets cuirassés sont protégés de l’érosion et sillonnés par des vallons encaissés. L’humidité permanente est favorable aux mousses, épiphytes et ptéridophytes.

Forêt de nuages_Marc Gayot

Forêt de nuages © Marc Gayot

Sur les sols souvent profonds des pentes se développent des forêts hautes tandis que les sommets aux sols minces sur cuirasse sont couverts d’une forêt basse où les lianes abondent avec des nombreux arbustes et arbrisseaux.

Ce type de formations se rencontre notamment sur le Mont Tabulaire dont les pentes sont dominées par une forêt haute d’une composition proche des forêts de basse altitude (dominée par Eperua falcata, Virola kwatae, Tetragastris altissima, Eschweileira coriacea, …) avec de nombreuses fougères sur les hauts de pentes (Cyathea spp.).

Quant au plateau sommital, il est couvert par une forêt basse où abondent les arbres des espèces Tapirira obtusa, Licania laevigata, dominant des petits arbres de Myrtacées (Calyptranthes) et des Mélastomatacées arbustives (Miconia fragilis, Miconia spp., Clidemia spp.), ainsi que de nombreuses Orchidées (i.e. Pleurothallis archidiaconi, Trichosalpinx orbicularis).

Forêts basses d’inselbergs de moyenne altitude

Ce sont des forêts situées sur les sommets ou les pentes des inselbergs. Elles sont basses (souvent 10 à 15 m à la Trinité), avec une canopée très ouverte.

Forêt basse d'inselberg Luc Ackermann

Forêt basse d’inselberg © Luc Ackermann

 

Les strates arbustives et herbacées sont denses, riches en monocotylédones (Broméliacées mais aussi, par exemple, Palmiers comme le montre leur surreprésentation dans la flore de la Trinité par rapport à la Guyane).

Le sol est très réduit et constitué de sables provenant de l’altération des granites. Les arbres sont bas et tortueux et appartiennent aux Myrtacées (Rudgea spp.), Rubiacées (Faramea spp.) et Légumineuses, mais aussi, à la Trinité, à Ocotea ceanothifolia et Hyeronima alchorneoides, Eriotheca surinamensis ou Terminalia amazonia.

 

Forêts marécageuses, marécages boisés et forêts sur sols hydromorphes

Dans la réserve, ces forêts se rencontrent sur des sols mal drainés temporairement inondés.

Inventoriées vers la Courcibo ou dans le secteur d’Aïmara, cet habitat est présent dans l’ensemble des zones de bas-fond de la réserve et a présenté une composition floristique classique : une flore assez pauvre dominée par quelques espèces arborescentes inféodées à ces milieux : Virola surinamensis, Symphonia globulifera, Pterocarpus officinalis et Euterpe oleracea (qui peut former des peuplements monospécifiques, dits pinotières).

Le sous-bois est riche en Fougères et Zingibérales (Marantacées, Costacées, Héliconiacées). L’humidité et la canopée assez ouverte favorisent la présence de nombreuses épihytes (Orchidées, Broméliacées).

Forêts ripicoles

Ces forêts, riches en espèces de lianes et d’épiphytes, bordent les rivières et présentent des cortèges différents suivant que la rive est convexe ou concave.

Forêt ripicole Luc Ackermann

Forêt ripicole © Luc Ackermann

Les rives convexes, zones calmes de sédimentation, sont bordées d’un cordon arbustif souvent peuplé de Montrichardia arborescens que dominent des espèces arborescentes de lumière (Cecropia spp.) ou fortement dépendantes de la présence d’eau (Virola surinamensis).

Les rives concaves, qui s’érodent, sont instables et dominés par des arbres aux couronnes déséquilibrées.

Les arbres dominants sont Virola surinamensis, Eperua spp. ou Pachira aquatica, avec de nombreuses espèces pionnières (Goupia glabra, Schefflera sp.).

La végétation est dense, riche en lianes (Bignoniaceae, Convolvulaceae, etc.).

Savanes-roches

Le terme local de « savane-roche » désigne la végétation basse et broussailleuse adaptée à des conditions écologiques contraignantes : quasi absence de sol, forte sécheresse, ruissellement important en saison des pluies, température très élevée de la roche pendant l’ensoleillement.

Savane-roche © Luc Ackermann

Savane-roche © Luc Ackermann

Le granite des Inselbergs de la Trinité est couvert d’une couche de Cyanobactéries filamenteuses des genres Stigonema et Scytonema qui favorisent l’installation de groupements herbacées et suffrutescents.

Ces derniers sont composés essentiellement de Broméliacées endémiques des inselbergs guyanais et surinamais (Pitcairnia geyskesii) qui forment des coussins où s’associent une douzaine d’espèces (principalement Ernestia confertiflora, Panicum rivale et Rhyncospora barbata).

Des groupements arbustifs se forment aussi et sont dominés par la Clusiacée Quapoya scandens et la Bombacacée Rhodognaphalopsis flaviflora.